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EDUCATION AVEC OU SANS INTERJECTION NEGATIVE : LE NON A TOUTES LES SAUCES.

Illustration : Juline Diot (Pixntoast)

Nous allons ici parler du « NON » balancé au chien à tord et à travers. Est-ce utile ? Nuisible à son éducation et notre communication ? Comment le chien le comprend-il (a t-il notion de la négation) ou comment peut-il percevoir cette interjection(1) ? On peut également se demander si les ordres de négation sont compatibles avec une éducation aux méthodes positives. Pour finir, peut-on s’en passer ou remplacer ce « NON » par autre chose ?


Une réaction humaine :


Quand notre chien part sur une action ou un comportement non désiré, nous avons la réaction de réagir au quart de tour par un « NON » cinglant et sonore qui vient claquer tel un coup de fouet. Nous sommes humains et nous avons tous, avouons le, ce même réflexe. Généralement, après notre interjection spontanée, que fait le chien ? Souvent surpris, il arrête ce qu’il était en train de faire et nous regarde, interloqué. Nous pensons à ce moment là qu’il a compris et que nous avons eu la bonne réaction. Cependant, dans huit cas sur dix, le chien repart sur son action. Nous pensons alors que notre chien est :


- Têtu ? Anthropomorphisme (2) !

- Dominant ? La dominance interspécifique (3) n’existe pas !

- N’écoute pas ? A-t-il seulement compris ce que l'on attendait de lui !

- Pas éduqué ? Qu’attendait-on de lui après l’avoir stoppé dans son action.


Comment le chien comprend le « NON » :


Comment un chien peut comprendre un mot s’il n’est pas associé à une action ou une position ? Quand nous apprenons le « assis » au chien les premières fois, nous ne l’avons pas regardé dans le blanc des yeux en répétant « assis » maintes fois.


Par contre, si chaque fois que le chien s’assoit de lui-même et que nous lui disons « assis », il fera une association du mot employé à la position ou l’action désirée. C’est ce que l’on nomme la méthode naturelle. Mais nous dirions à la place, « banane » ou « mikado », nous aurions le même résultat.


Maintenant, analysons les situations où nous disons « NON » au pépère. Le chien sent de bonnes odeurs dans la cuisine et s’y dirige en manifestant un intérêt vers le contenu de la poubelle. Nous le surprenons en train de relever le couvercle et lui disons « NON ». Un peu plus tard, le toutou désirant faire une sieste bien confortable se dirige vers le canapé tout cuir. Nous réagissons rapidement par un « NON » disruptif(4) et efficace et le chien fait demi-tour. Un peu plus tard encore, en balade, le chien s’intéresse de près à un « souvenir de repas » laissé sur le trottoir par un congénère, de nouveau « NON !!». Et nous tirons sur la laisse pour l’éloigner. Nous utilisons donc toujours le même mot pour stopper différentes actions qui n’ont rien à voir les unes avec les autres. Alors, comment le chien peut-il associer le « NON » à une action désirée ? Oui, mais vous me direz : pourtant le chien arrête souvent l’action après mon interjection. En effet, mais c’est plutôt la surprise et notre intonation de mécontentement qui va le surprendre. Si le chien n’en comprend pas le sens, il n’en est pas moins dénué d’intelligence ! Il nous sent agacé, en colère, contrarié, dépité, découragé, impatient, et tout cela par le timbre de notre voix, la crispation que nous faisons ressentir au bout de la laisse, le faciès que nous lui montrons, et tout ce que nous dégageons en phéromones par la contrariété. Finalement tout cela n’est pas très positif (si je puis dire). Alors l’utilisation du « NON » est-elle si négative dans une éducation positive ?


Comment le chien perçoit le « NON » :


Vous l’avez compris, ce n’est pas tant le mot le plus important mais l’intonation que nous allons lui porter. Le chien peut-il comprendre ou faire la différence entre la négation ou l’affirmation ? Littéralement, il en est incapable. Mais il peut faire la différence avec tout ce que nous allons dégager en prononçant ce mot. Quand nous lui disons un « oooouuuiiiii » d’enthousiasme, observons-nous. Nous avons le sourire jusqu’aux oreilles ; les yeux brillants d’admiration ; notre voix est aigüe et enjouée ; le chien nous regarde en haletant et en remuant la queue et nous fait partager sa joie. Si nous sommes doués dans la comédie, alors, faisons l’expérience d’employer le « NON » de la même manière. Et voyons sa réaction.


Quand nous appelons le toutou par son nom, pensons-nous qu’il ait conscience qu’il s’agisse de son nom ? Et bien c’est la même chose que pour le « NON ». Quand nous disons : « Pitou !! », Le chien sait que nous attendons quelque chose de lui. En l’appelant, nous nous intéressons à lui. Le chien s’arrête donc, nous regarde et attend la suite. Et nous nous disons qu’il répond bien à son nom puisqu’il nous regarde. En fait c’est un ordre disruptif comme pour le « NON » : Le chien stoppe son action sans pour autant l’associer à un ordre. L’utilisation seule du « NON » est donc inutile ; il faudra le faire suivre d’un ordre.


Peut-on remplacer ou se passer du « NON » ?


Si, suite à notre intervention, le chien obéit et s’exécute, est-il utile de dire « NON » ? Pourquoi ne pas l’interpeller par son nom plutôt que par l’interjection « NON » ?


- Le chien monte sur le canapé : Pitou ! Descend !

- Le chien va manger une crotte : Pitou ! Tu laisses !


Ainsi, notre voix, notre faciès, notre intervention générale seront plus positives et auront de meilleures répercussions sur la réponse du chien.


Toutefois, attention à ne pas déformer mes propos : Je n’ai jamais dit qu’avec les méthodes positives il fallait tout accepter du comportement du chien. Pour son équilibre, le chien a besoin d’une structure et d’un cadre social avec des permissions et des interdictions. Seulement, je démontre que nous pouvons avoir l’art et la manière de le dire autrement.



Jean-Dominique Brasseur



PS : Au moment où je finis cet article, Kayser, mon gros bouledogue américain a eu une réaction de prédation sur Oréo, ma chatte noire et je me suis surpris à crier un : « NON Kayser !!! » La perfection n’existe pas chez l’humain mais le plus important pour avancer, est de savoir se remettre en cause.


(1) qui expriment un ordre, un sentiment, comme l'indignation, la colère, la surprise ou une sensation de douleur.

(2) Tendance à attribuer aux animaux des sentiments humains

(3) Terme qui convient à toute relation qui s'établit entre des individus appartenant à des espèces différentes.

(4) Anglicisme (de disruptive, même étymologie, signifiant perturbateur, perturbant), qui marque une perturbation, un bouleversement.

 

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